Le territoire de l’AOC Gigondas présente une riche mosaïque paysagère constituée de milieux forestiers, rocheux, agricoles et enfin aquatiques. On y retrouve une diversité intéressante d’habitats qu’ils soient naturels ou semi-naturels.
Quels habitats en milieu viticole ?
Les vignes sont composées d’habitats dits semi-naturels que l’on appelle techniquement des « Infrastructures Agroécologiques » (IAE). Ces derniers sont qualifiés de semi-naturels car ils ont été façonnés en partie par l’homme. Il existe plusieurs types d’IAE : linéaire (de types haies, bandes enherbées, murets de pierres, etc.), ponctuel (arbres isolés, mares, etc.) ou encore surfacique (bosquets, friches, etc.). C’est aux abords des parcelles de vignes que ces habitats sont les plus diversifiés : haies, alignements d’arbre, arbres isolés, murets, etc. A l’intérieur on retrouve essentiellement des bandes enherbées et quelques arbres isolés.
Quelle biodiversité dans nos vignes ?
Les vignes renferment en grande partie une biodiversité dite « ordinaire » comprenant des espèces communes qui ne constituent pas en tant que tel un enjeu en termes de statut de protection ou de rareté mais dont leur présence apporte des informations clés sur le fonctionnement écologique d’un milieu. Environ 115 espèces végétales et 80 espèces animales ont pu être recensées en majorité aux abords des infrastructures agroécologiques. Certaines d’entre elles sont intimement liées à ces types d’habitats présents dans les vignes et on les qualifie alors d’espèces « inféodées ».
Le territoire de Gigondas présente à ce jour plus de 200 espèces animales (selon la base de données Silène, 2017) dont plus de la moitié fait l’objet de mesures de protection à différentes échelles (listes régionales, nationales, réseau Natura 2000).
Quelle faune en milieu viticole ?
On retrouve principalement dans et aux abords des vignobles des mammifères, oiseaux, reptiles et insectes. La plupart d’entre eux sont très communs sur Gigondas et sont notamment associés au milieu agricole (Renard roux (Vulpes vulpes), Lièvre commun (Lepus europaeus),Tourterelle des bois (Streptopelia turtur), Perdrix rouge (Alectoris rufa), Lézard des murailles (Podarcis muralis), Mélitée des centaurées (Melitaea phoebe), etc.).
Néanmoins, certaines espèces qualifiées de « remarquables » peuvent y être observées. On peut citer des oiseaux comme le Traquet Oreillard (Oenanthe hispanica), l’Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) ou encore le Vautour percnoptère (Neophron percnopterus), une espèce de rapace emblématique qui est en danger critique d’extinction en région PACA depuis 2013 selon l’UICN. Cette espèce niche presque chaque année dans les Dentelles de Montmirail et peut potentiellement venir chasser au sein des vignes. En effet, les vignobles et notamment les infrastructures agro-écologiques jouent le rôle de réservoirs de biodiversité et de corridors écologiques dans lesquels les espèces viennent se nourrir, se reproduire ou encore s’y déplacer.
La flore de Gigondas a fait l’objet de nombreux inventaires. On ne dénombre pas moins de 537 espèces végétales sur le territoire (selon les bases de données Silene et Faune Paca).
Quelle flore en milieu viticole ?
C’est particulièrement aux abords des parcelles de vignes que l’on retrouve la flore viticole.Les espèces les plus abondantes sont les fabacées tels que le Trèfle violet (Trifolium pratense), le Trèfle blanc (Trifolium repens), la Luzerne d’Italie (Medicago italica) ou encore la Gesse des bois (Lathyrus sylvestris). Quelques espèces d’orchidées, protégées, sont aussi observables aux environs des parcelles et l’on peut notamment citer l’Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) et l’Ophrys fausse bécasse (Ophrys pseudscolopax).
Cette flore viticole, caractéristique du milieu agricole, est aussi très commune sur les vignobles de Gigondas. Certaines espèces végétales peuvent jouer le rôle de « bio-indicatrices » en donnant notamment des indications sur l’état du sol et les pratiques agricoles associées. Par exemple, la présence en abondance du Trèfle violet (Trifolium pratense) indique que le sol souffre probablement d’asphyxie suite à un engorgement en eau ou un excès de matière organique (Gérard Ducerf, 2006).
Les résultats de ce diagnostic ont montré que le territoire de Gigondas présente un fort potentiel écologique qui est fortement lié à l’activité viticole et aux vignobles de l’appellation. Un potentiel qu’il faut avant tout préserver pour les générations futures.
Cet état des lieux a été réalisé entre mars et juillet 2017 par Laura Moutfi, étudiante en « Ingénierie Écologique et Gestion de la Biodiversité » à l’Université de Montpellier dans le cadre de son stage de master 1.
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