N comme Nez

Acrostiche pour décrire l’appellation Gigondas
aujourd’hui et hier

Avez-vous déjà essayé d’identifier les arômes du Gigondas ? Seule règle à respecter dans votre enquête olfactive : ne pas avoir un verre dans le nez pour plonger le second dans le premier (vous suivez ?) en espérant y détecter les fabuleux parfums du vin. Car si c’est le nez qui cherche, c’est le cerveau qui trouve et mieux vaut qu’il ne soit pas embrumé pour nommer les molécules volatiles qui s’échappent du nectar. L’exercice ne se fait pas les doigts dans le nez et nécessite de l’entraînement.

Mais que vous vous y cassiez le nez ou que vous ayez au contraire le nez fin, c’est une nez’xpérience qui en vaut la peine. Reconnaître les odeurs enrichit le vocabulaire de la dégustation. Mettre un mot sur ses perceptions augmente le plaisir de boire et permet d’échanger avec les autres.

Les arômes du vin nous informent également sur son origine variétale et géographique, la manière dont il a été vinifié et élevé, son âge. Ils reflètent son terroir. Débouchez un flacon de Gigondas. Jeune ou vieux, vous percevez sans doute au nez comme en bouche la douce et régressive note de réglisse. Elle est directement liée à la variété reine de Gigondas, le Grenache, lorsqu’il est cultivé dans des sols calcaires, omniprésents dans toute l’appellation.

D’un millésime récent, encore plein de sa fougue aromatique, le vin embaume les fruits rouges et noirs à plein nez. Le cassis signe la fraîcheur qui distingue les vins du cru, tandis que la chaude note de mûre révèle un Gigondas de grand terroir, riche et profond, et annonce une bouche charnue et ronde. Elle est particulièrement produite par la Syrah, qui complète la plupart des assemblages. Il en va de même pour le poivre, marqueur de ce cépage phare du Rhône Nord. Mais c’est la lente maturation qu’offrent les Dentelles de Montmirail qui permet à l’épice de naître du raisin. Les parfums dessinent un paysage et les touches de garrigue et de thym font apparaître la végétation provençale que côtoie la vigne sur les collines et le massif forestier qui entoure le village. Soyez vigilant, la délicate violette peut pointer le bout de son nez. Elle rappelle la finesse des plus grands terroirs, particulièrement les sols de marne calcaire. Si votre vin a pris de la bouteille, le nez s’enrichit d’arômes de sous-bois. Avec un peu de chance, vous tomberez nez à nez sur une note de truffe.

Pour vous permettre de suivre à la trace ces pistes « géo-viti-sensorielles », l’appellation a créé en 2016, en collaboration avec les éditions Jean Lenoir, Le Nez du Gigondas, six flacons d’arômes et un livret pour découvrir la richesse aromatique de ses vins. De cet outil est née une série de conférences olfactives qui ont été données à des professionnels du vin jusqu’à Berlin et Copenhague. Convaincus que tout le monde, petits et grands, peut devenir un nez’xpert, les vignerons et les négociants de Gigondas transforment chaque été les anciens hospices en un parcours sensoriel instructif, ludique et gratuit. Venez dans ce haut-lieu d’histoire médiévale, niché dans les remparts tout en haut du village, vous en prendrez plein les yeux, les narines et les neurones.

Et n’oubliez pas que sentir c’est avant tout ressentir, qu’olfaction rime avec émotion. Les parfums jettent un pont entre le présent et le passé grâce à leur capacité d’évocation de sensations et d’émotions auxquels ils sont liés. Humer un verre de vin permet parfois d’y dénicher l’odeur du temps retrouvé. Avoir du nez n’empêche pas d’avoir du cœur.

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