2019

Nous sommes à la sortie des vinifications 2018. Nous avons alors en tête un millésime particulièrement exigeant en termes de présence dans les vignes, en particulier à cause du nombre de précipitations atypiques pour la région. Octobre et novembre sont d’ailleurs particulièrement pluvieux avec près de 400mm. Soit plus de la moitié des précipitations annuelles en seulement 2 mois.

Décembre est doux avec une pluviométrie classique pour une telle période. En 2019, les mois de janvier, février et mars sont très secs. L’hiver se confirme être doux, en particulier en février, ce qui explique le débourrement précoce. Puis, les températures chutent, et le début du printemps sera plus frais que la moyenne. Nous frôlons d’ailleurs le gel le 5 avril sur les parcelles les plus fraîches de Gigondas.

Malgré quelques pluies en avril, nous sommes en net déficit hydrique. Cette période froide et sèche conditionne la croissance des vignes. Elle est lente et mesurée. Comme si la vigne savait qu’il fallait économiser ses ressources. Au même moment où nous tous l’ignorions. Début juin, nous constatons lors de la floraison que l’avance du débourrement a été entièrement consommée. Cette étape cruciale pour le grenache se déroule très bien, avec très peu de coulure, excepté sur les secteurs les plus tardifs.

Nous sommes fin juin. Le très bon taux de nouaison, ainsi que la belle sortie de grappe laissent présager une bonne récolte sur Gigondas. La tendance de l’été est simple et déjà observable durant cette dernière semaine du mois : caniculaire et dépourvu de précipitation ! Dans des vignobles proches, les températures sont si élevées que des dégâts sont visibles sur le couvert végétal et sur les fruits. Ils sont comparables à des brûlures.

Les mois de juillet et d’août confirment la tendance avec 52 jours sur 62 supérieurs à 30°C. On ne comptabilise que 10mm d’eau tombés le 27 juillet. Autant dire qu’il n’a pas plu durant l’été.  A la fin du mois d’août, le vignoble de Gigondas est étonnamment beau. Il résiste incroyablement bien aux conditions climatiques extrêmes. En effet, très peu de rognages du feuillage ont été nécessaires et les baies sont de petites tailles. Les secteurs frais et les vieilles vignes à l’enracinement profond ne semblent même pas souffrir. Il est évident que l’état sanitaire est irréprochable.

Les premières analyses de maturité confirment le poids historiquement faible des baies. Elles démontrent aussi une maturité physiologique (sucres et acides) très avancée. Les dégustations des baies quant à elles permettent de constater que la maturité phénolique est encore loin d’être atteinte. Alors que les rosés sont vendangés rapidement, nous attendons que les parcelles de rouges atteignent une maturité globale.

Les premières vignes de Syrah des secteurs précoces sont vendangées à partir du 10 septembre. Le gros des vendanges démarre après le 16 septembre pour se terminer aux alentours du 15 octobre. L’état sanitaire est parfait jusqu’à la dernière grappe ramassée.

Une fois en cave, contre toute attente, et malgré les toutes petites baies, les rendements en jus sont honorables. La récolte est correcte en quantité. La qualité s’annonce remarquable : des bons équilibres acides, des potentiels aromatiques sur le fruit frais et surtout des concentrations tanniques incroyables.  Les rouges 2019 sont puissants et structurés avec une robe profonde. Néanmoins, les tanins sont parfaitement mûrs et confèrent aux vins un soyeux élégant, sans aucune agressivité. La plupart des 2019 sont accessibles sur la jeunesse et profite d’un potentiel de garde honorable.

Il est impressionnant de mesurer à quel point la vigne peut s’adapter à une météo extrême. Les vins obtenus sont tout simplement épatants. La fraicheur supplémentaire des terroirs de Gigondas ainsi que la bonne proportion de vignes vieilles permettent une nouvelle fois de jouer la carte de l’équilibre et l’élégance.

Les avis sont unanimes. C’est un des plus beaux millésimes pour Gigondas. Une homogénéité dans l’excellence qui doit nous rendre fiers !

 

 

 

 

 

 

Copyright : Laurent Philis – Philis Œnologie à Gigondas